2011. GRAND REPORTAGE MADRID

GRAND REPORTAGE JOURNAL LYCEEN LE MUR

Un grand reportage   en terre ibérique avec la totalité de la classe terminale BMA et nos partenaires espagnols, les écoles de bijouterie de Madrid… Nous nous sommes transformés en véritables « aficionados » des gemmes et des minéraux en arpentant les montagnes de la Somosierra pour une prospection minéralogique, assistés par d’éminents gemmologues madrilènes… et nous sommes devenus de légendaires « aficionados » du métal par l’initiation aux techniques d’émaillage à l’école Arte 3 de Madrid, et la découverte de l’art du damasquinage, auprès des collections du Palais Royal et dans les entreprises de Tolède… Carnets de voyage, pour un nouveau projet « Trans Europe Centre » soutenu par le Conseil Régional de la région Centre, et par l’Union Européenne à travers le partenariat Comenius « Raconte-moi un bijou ! »

samedi 13

19.45. Le Grand départ. Nous arrivons avec Camille devant le lycée. Quelques minutes plus tard, tout le monde est réuni, enthousiaste et euphorique. On ne parle que de ça. Le Grand départ pour Madrid. Le Jour J pour les 29 lycéens de la classe Terminale BMA. Comme à l’habitude des départs, il y a ceux qui sont là en avance pour être sûr d’avoir une bonne place dans le bus, et ceux qui sont à la bourre de façon à profiter au maximum de ce court week-end… Notre bus est rose, et nous serons accompagnés par deux chauffeurs tout au long de notre séjour. Cinq accompagnateurs tous très appréciés ont répondu présents au projet, Monsieur Marcadier, professeur de français, Monsieur Trébuchet, professeur d’arts appliqués, Monsieur Mennetret, professeur d’atelier, Monsieur Mathonat, professeur de sport et Adeline, une de nos surveillantes de la Vie Scolaire.

20.00. Saint-Amand Montrond, devant les grilles du lycée Jean Guéhenno, l’autocar arrive pour entreprendre une longue route précisément de 1176 kilomètres. Ouïe !!! Ça y est, dernier pointage pour savoir si personne ne manque à l’appel. Les valises remplissent les soutes. Chacun cherche à s’installer au mieux avec des oreillers, une couette, ou encore des nounours ! L’aventure commence, il est 20.01, précises.

Montluçon, Guéret, Limoges, puis Bordeaux tard dans la nuit… On appréhende un peu… Un voyage pas très confortable, long et épuisant… Les heures passent comme au ralenti… Le bus est plutôt calme. On se regarde, et on compte les heures qui restent avec le sourire aux lèvres. Pour passer le temps, on mange des cochonneries, sandwichs, chips, bonbons, kinders, gâteaux…On boit du coca, des jus de fruits, de la limonade, des sirops… Les écouteurs bien calés sur les oreilles pour la musique… Puis, les yeux se ferment, petit à petit…

dimanche 14

Bayonne avec un changement de conducteur pour le bus… Toutes les pauses sont les bienvenues. Prendre l’air devient urgent pour ceux qui à l’arrière du bus enregistrent une chaleur insupportable… Puis, Anglet…

04.31. La frontière. Les plus vaillants assistent à la traversée des Pyrénées. L’Espagne, et bientôt Burgos… Le sommeil prend place… La nuit passe…

06.32. Une aire de repos espagnole. On ne sait pas vraiment où. Peu importe. Le petit déjeuner est prévu à 7.30… Il nous faut attendre bêtement une heure ! Petit déjeuner, pas vraiment espagnol mais correct, café ou chocolat, jus d’orange et pâtisseries recouvertes d’un glaçage suspect…

08.02. Les heures de voyage défilent, le jour se lève pour laisser apparaître une campagne parfois lunaire. Les dernières heures sont longues. La fatigue prend une grande place. Madrid est en vue vers midi et demi… Sur ce long périphérique, tout le monde est scotché aux vitres, appareil photo en main…

12.34. Madrid centre-ville. Madrid se dévoile enfin devant nous, c’est immense, une capitale dense et dynamique, l’impression de devenir une fourmi dans une immense fourmilière ! Pas de mots assez justes pour décrire ce que j’avais sous les yeux. A perte de vue, de grandes rangées impressionnantes d’immeubles se présentent. On s’engouffre dans le centre ville avec l’autobus, et j’ai cru ne jamais pouvoir tout saisir, tout retenir, tant de monuments, tant d’architectures, tant de dédales de ruelles et de perspectives…

12.52. La ville est immense, le bus est un peu perdu, le chauffeur décide de déposer toute la troupe en plein centre, provoquant ainsi un bouchon et quelques coups de klaxon de Madrilènes mécontents. Il nous laisse quelque part avec nos valises. Pas facile de trouver la petite rue de l’hôtel Marlasca… Une dizaine de minutes de marche à pied, valise en main pour remonter cette rue plutôt bruyante et se propulser dans le hall de l’hôtel… Impatience générale. Olivia, Jéromine et moi, nous obtenons finalement notre chambre de trois. Quelques minutes pour découvrir les chambres, poser les affaires et prendre une bonne douche avant le rendez-vous pour aller au restaurant « La Casserola » à quelques minutes de l’hôtel.

14.34. « La Casserola », un des nombreux restaurants du quartier, ce sera notre auberge quotidienne, pour le meilleur comme pour le pire… Aujourd’hui, Roberto, le serveur du lieu annonce… lasagnes, paëlla, salade au choix, puis poulet frites, et une glace au citron comme dessert. De toute façon, il est bientôt 15 heures, et nous sommes tous affamés !

15.46. Il pleut. Direction, le musée du Prado. Première photo de toute l’équipe, puisqu’il a été dit avant de partir qu’on enverrait sur le site internet du Mur, tous les jours une photo de groupe, pour nos copains, nos familles, et tous ceux qui suivent nos histoires… Il pleut vraiment. Les vendeurs de parapluie nous accostent avec insistance de tous côtés aux cris de « paraguas… paraguas… ! » Premiers repérages dans Madrid. Il pleut. Un problème technique ou électrique bloque l’entrée du musée et les visiteurs à l’extérieur. Il pleut toujours et sans cesse.

20.03. La fatigue nous conduit direct à l’hôtel, pieds, mains et oreilles gelés ! Une Espagnole nous attend, c’est Christine, sans laquelle ce projet n’aurait jamais pu avoir lieu, c’est l’une de nos partenaires en Espagne, elle travaille à AETA, « Associacion Espanola de Tasadores de Alhajas » de Madrid, et c’est aussi la secrétaire du PLE, notre réseau européen « le parlement lycéen européen des écoles de bijouterie et presse lycéenne ».

21.30. « La Casserola » et les frites sont à nouveau au rendez-vous.

22.14. Réunion de projet rapide à la fin du dîner. On met au point les détails de la journée minéralogique de demain, et notre prof de français nous présente Christine, notre invitée espagnole, son aide fut très précieuse pour la préparation de ce projet.

22.27. On ne traîne pas. Retour à l’hôtel. Un vrai lit nous offre la bienvenue.

lundi 15

07.45 … et c’est pas facile… Dans ma chambre, on aurait bien aimé toutes dormir quelques heures de plus… Mais une aventure minéralogique nous attend !

08.32. Le petit déjeuner. On nous attend à la « Casserola ». Café ou chocolat, jus d’orage et brioche grillée…

09.08. Une petite vingtaine de minutes de marche pour rejoindre le parking sous-terrain où se trouve notre bus.

09.16. Départ de Madrid en bus. La zone à prospecter est à 80 kilomètres environ, mais c’est bien sûr sans compter les embouteillages habituels à la sortie de la capitale.

11.29. Le site de la Somosierra. On descend tous du bus. Le paysage est magique. On est tous habillés à notre manière pour ne pas avoir froid et être à l’aise dans ces montagnes. Au loin, à l’horizon, il y a même des traces de neige. Quelques uns ont des chaussures de randonnées, d’autres de simples baskets ou encore des bottes en caoutchouc. Tous, nous ajoutons à cette panoplie des gants, des bonnets, des imperméables, de grosses chaussettes de montagne, et même des doudounes à capuches… Et enfin, nous retirons de nos sac marteaux et burins.

11.34. Antonio Valle, le directeur de l’Escuela de Arte 3 de Madrid, nous accompagne. C’est lui aussi un partenaire du projet, et son école est associée à la nôtre dans notre programme européen Comenius. Antonio nous présente la géologie de la Somosierra, et nous montre quelques échantillons de minéraux qu’on doit pouvoir collecter dans cette zone : quartz, tourmalines noires, vesuvianites par exemple… Des lycéens bijoutiers espagnols de l’école d’Art nous accompagnent dans cette expédition. Parmi eux, Pilar, une lycéenne de Madrid parfaitement francophone que Louise avait rencontrée à l’assemblée générale du PLE l’année dernière, et qui deviendra notre traductrice… Nous franchissons une rivière…

11.41. Je me mets en équipe avec Morgane, et nous partons à l’aventure. Des obstacles, des cascades, des rochers, des torrents à traverser, des endroits périlleux à dépasser… De la roche, de la boue… Au début, on ne sait pas très bien où aller, ni dans quels cailloux taper… Puis, première mission dans cette drôle de chasse au trésor, trouver des quartz, roses, fumés, transparents, blancs, opaques… On a du mal à tenir sur nos pieds en arpentant ainsi la montagne dans la gadoue, on se prend les pieds dans les branches d’arbres… Et, de bonnes et grandes parties de rigolade…

12.34. Les premières trouvailles. On est ravis : du mica, du quartz, un grenat peut-être, et une petite tourmaline noire… Nous sommes seuls face à la nature. Il fait froid. Les plus courageux d’entre nous entreprennent de monter jusqu’au sommet, une neige fine tombe et cristallise les fleurs, les lichens et les plantes d’altitude. Un taureau sauvage au loin, pas si loin que ça en fait… et bingo ! Je trouve une énorme tourmaline cristallisée, je la garde précieusement. Une fois au sommet, c’est vraiment magnifique. Une photo nous immortalise dans cet exploit. Je suis vraiment fière d’être la seule fille de la classe à avoir vécu cette expédition jusqu’en haut… Il faut redescendre, passer sous une cascade, escalader une paroi, esquiver les taureaux qui nous fixent curieusement… Emotions.

14.02. On reprend le bus. Changement de chaussures. Des routes étroites et sinueuses surplombant de profonds ravins. Des petits villages isolés magnifiques. Changement de lieu de prospection.

14.28 . Break. Une halte pour le pique-nique. Une sorte d’aire de repos avec un hôtel comme refuge fera l’affaire.

15.33. Montejo de la Sierra. Second site de nos prospections du jour. Fatigués, mais une envie profonde de découvrir de nouveaux trésors. Ici, l’Ecole des Mines de Madrid nous avait prévenus, nous devons trouver du grenat (almandin), et aussi des minéraux plus rares mais intéressants comme la staurotide, l’andalousite, la kyanite, la sillimanite et le rutile… Ici, la montagne est encore plus escarpée, les pentes plus prononcées, la roche parfois plus friable… Avec Marie, finalement, nous avons trouvé énormément de mica, ça brille de partout sous le rayon du soleil…

17.35. La tombée de la nuit, déjà. Retour au bus. Le silence se fait très rapidement, beaucoup s’endorment fiers de leur journée.

18.51 . Environs de Madrid, ce sont toujours les embouteillages, c’est bien une capitale !

20.00. Précises. Arrivée à l’hôtel. Les douches sont les bienvenues.

21.28. Notre restaurant… et toujours des frites…

23.01. L’hôtel, certains ouvrent le carnet de bord, et peu à peu, les lumières des chambres s’éteignent, les yeux ne tardent pas à se fermer dans l’hôtel « Marlasca ». Bonne nuit les petits…

mardi 16

08h02. Ce matin là, on a eu droit à un autre petit déjeuner, la margarine et les madeleines firent leur apparition, il restait bien entendu le café et le chocolat…

08.42. Avec enthousiasme, on part en direction de la Calle Estudios, l’adresse de notre école partenaire, l’Escuela de Arte 3. Le directeur, Antonio Valle nous y attend… Dans le hall de l’école, l’exposition de notre association européenne du PLE, les pièces françaises de notre équipe sont présentées avec les autres collections italienne, portugaise, grecque, belge, espagnole et lettone.

09.01. Nous retrouvons Blanca Guerra Perlado, prof de bijouterie et coordonnatrice des projets Comenius dans cette école. Une visite chaleureuse et minutieuse se met en place à travers les différents départements que cette école propose, la bijouterie, l’orfèvrerie, l’émaillage… On rentre dans la plupart des salles de cours, on découvre les salles de dessin, de peinture, de sculpture, on discute avec les professeurs, les élèves au gré des couloirs et des étages… Une école d’art et de bijouterie très spacieuse en fait et particulièrement bien agencée… C’est une petite école qui existe depuis un siècle et qui accueille 120 lycéens pour des formations en deux ans. A Madrid, il y a sept écoles d’art comme celle-ci, mais c’est la seule qui possède un département bijouterie.

09.23. Dans l’atelier d’orfèvrerie, on nous présente différents travaux sur des états de surface… et la fameuse technique du damasquinage. En réalité, il s’agit d’un fil d’or ou d’argent incrusté dans une plaque qui est ensuite noircie pour bien mettre en valeur les différences de métaux. L’école compte 120 élèves, en 1 ère année, ils ont 8 heures d’atelier par semaine, puis 9 heures en 2 ème année. Chaque élève a sa propre spécialité parmi les techniques enseignées à l’école, émaillage, orfèvrerie, sculpture… Les professeurs espagnols, dans les matières techniques, travaillent 30 heures par semaine… et Antonio, le proviseur lui-même enseigne en même temps, il est professeur d’art et de modelage.

09.31. Consuelo Perea est professeure d’émaillage, et aussi émailleuse professionnelle. Elle nous accueille dans son atelier, nous explique le principe et les différentes méthodes, le cloisonné, le transparent, l’opaque et bien d’autres dégradés, motifs, mélanges de couleurs, ombrages assez impressionnants… Elle nous présente les outils de l’émailleur… Workshop ! Se familiariser avec cette technique. C’est bien le but de la séance d’aujourd’hui. Consuelo distribue à chacun une petite plaque de métal ronde que nous devons commencer par nettoyer parfaitement.

09.36. Je commence cet atelier avec beaucoup de retenue, car c’est bien la première fois que je découvrais cette technique… Quelques minutes passées à crayonner différents dessins sur mon médaillon, et je décide de passer à l’action. Je me concentre à tremper le pinceau, à retirer de la poudre de couleur, à en rajouter… et enfin à attendre le résultat une fois ma pièce sortie du four… En fait, pour bien émailler, il faut d’abord appliquer une première épaisseur d’émail blanc, donc bien mélanger la poudre avec l’eau sur une petite spatule, car il n’est jamais facile d’étaler cette première couche de manière homogène sur le bijou… Je me décide pour un émail vert avec un effet d’inclusion, et pour cela je dois commencer un travail d’oxydation en reposant de l’émail blanc sur le verso de ma pièce mais de façon irrégulière. Cela pour obtenir un effet que Pilar me décrit comme « l’effet surprise » ! On est en pleine alchimie ! Une fois cette seconde couche déposée, ma pièce entre dans l’énorme four à la lumière éblouissante et la chaleur insupportable ! La cuisson ne dure que quelques minutes. Je retrouve ma pièce, et selon les épaisseurs appliquées, les couleurs du verso varient du blanc au rouge en passant par une couleur rouille ou bleue. Je dois maintenant appliquer les autres couleurs. Je choisis un vert clair et je l’applique de nouveau de façon régulière, je suis plutôt contente des résultats… et mine de rien, je suis en train d’apprendre les bases de l’émaillage, et ça marche !

14.02. Direction « la Casserola ». Un peu de mal parfois avec ces horaires espagnols, mais on prend l’habitude… Cordon bleu… et frites… On prend l’habitude aussi…

15.31. Départ pour le « Palacio Real » avec Christine Vasseur, le fameux Palais Royal, et nous sommes attendus pour découvrir « la Real Armeria », l’Armurerie Royale, et découvrir la technique du damasquinage à travers les collections d’armes, d’épées, de boucliers, de dagues, de pistolets, de lances, de fusils, de cuirasses et d’armures de tous les siècles. La plupart des pièces exposées ont appartenu aux rois d’Espagne. De véritables maîtres couturiers ont conçu des tenues de combats comme de véritables œuvres d’art, les guerriers dans leurs armures semblent porter sur eux des collections uniques et historiques. Jusqu’aux chevaux qui parfois étaient protégés eux aussi par des armures équestres… Deux étages regorgent de pièces d’armurerie, un espace présente des armures d’enfants, un autre des armures pour les animaux comme les chiens, un autre des casques où le damasquinage est associé à un sertissage hallucinant de pierres fines et ornementales… Fascinant.

18.03. L’Institut San Isidro. C’est juste à côté de l’Escuela de Arte de Madrid. Une conférence spécialement pour nous… avec Adolfo De Basilio, le directeur de l’IGM, l’institut gemmologique de Madrid. « J’ai commencé ma carrière comme pharmacien en 1975, puis passionné par les gemmes, j’ai découvert petit à petit les pierres semi-précieuses, et je me suis aperçu que chaque année une nouvelle pierre était découverte ! En 1850, un français réussit à créer le premier rubis de synthèse, et c’est à partir de ce moment-là que dans les salons professionnels de Paris, des pierres synthétiques de toutes sortes firent leur apparition. Aujourd’hui, dans mon laboratoire, j’utilise du matériel pour mesurer l’indice de réfraction d’une pierre afin de déterminer son identité, cette méthode est pratiquée uniquement pour les pierres transparentes. D’autres machines comme les microscopes sont également utilisés pour voir les inclusions, et donc savoir si la pierre est vraie ou fausse. Le réflectomètre et le conductimètre sont des appareils qui permettent de reconnaître la qualité et l’identité d’une gemme… Depuis quelque temps, Il existe une nouvelle machine permettant de modifier la couleur du diamant ! C’est pourquoi nous devons aussi utiliser un autre appareil qui permet de déterminer le spectre des couleurs de chaque pierre par ultraviolet, rayons x, et infrarouge… Et enfin la dernière technique dans les analyses gemmologiques d’aujourd’hui, ce sont les appareils qui permettent de connaître la composition moléculaire d’une gemme ainsi que les inclusions qu’elle porte pour ensuite mémoriser, et créer une véritable carte d’identité de la pierre, un certificat d’authenticité en quelque sorte ! » Adolfo s’est découvert ainsi une véritable passion pour les pierres, il est même devenu docteur en cristallographie. La conférence se termine, j’ai appris beaucoup de choses sur ces nouvelles techniques destinées à l’identification gemmologique en vue de faire face à la prolifération de nouvelles synthèses et de traitement des gemmes. Et… savez-vous que dans les instituts de gemmologie, on recherche particulièrement des filles pour se lancer dans ce métier, car une fille a la capacité de voir 300 000 couleurs différentes, alors qu’un garçon n’en perçoit que 100 000 ! Nous remercions Adolfo très sincèrement pour cette conférence quasi privée, lui et son épouse Alicia B., expert joaillier.

20.31. Le temps d’arpenter encore un peu les rues de Madrid avant le dîner. Et puis, il y a les cartes postales, les cadeaux à ramener…

22.04. Le dîner. On est de plus en plus proche des véritables horaires espagnols. Beaucoup de chahut ce soir là à table, les différents groupes de la classe se demandaient ce qui les attendait pour le lendemain matin, ceux qui avaient pratiqué l’émaillage aujourd’hui montraient leur médaillon à ceux qui s’exerceraient à cette technique traditionnelle le lendemain.

23.08. Réunion de projet rapide, une douche à l’hôtel, écrire mes notes des journées précédentes au propre sur le carnet de voyage, quelques aperçus des photos de la journée… et au lit ! Les lumières s’éteignent vers minuit ce soir-là

Mercredi 17

08.32. Petit déjeuner, nouvelle viennoiserie en sachet…

09.04. Direction le parking souterrain du Palais Royal, là où s’est replié notre bus.

09.35. En route pour le « Museo Arqueologico Nacional », le musée archéologique de la capitale, Calle Serrano.

10.14. On retrouve Christine au Musée archéologique, accompagnée d’un spécialiste sur l’Art des Ibères, qui se propose de nous présenter les collections permanentes. Un fantastique voyage dans le temps, une promenade vertigineuse à travers l’histoire, et on commence par la période de l’humanité la plus longue, à savoir la Préhistoire : « A cette époque, les gens souffraient énormément de stress ! La taille des os des animaux sont énormes. Il est évident que les gens fuyaient devant ces animaux, qu’ils avaient peur de se retrouver en face d’eux et d’être dévorés ! Les hommes se nourrissaient de fruits ou d’animaux morts, ils possédaient une intelligence intellectuelle très lente, mais ils vont vite s’habituer à cet environnement qui les entoure. Par exemple, ils utilisaient du bois pour leurs outils de tous les jours et très vite vont s’apercevoir qu’ils obtiennent un meilleur résultat avec la taille de la pierre, le silex ! L’Homme s’adapte… » On se rapproche d’une vitrine. « C’est une pièce vieille de 200 millions d’années. Elle représente une statuette en ivoire, cela signifie que les hommes de l’époque possédaient des objets d’art et non pas uniquement des objets utiles pour eux…» Une autre vitrine. « Le néolithique est une époque de révolution. Des changements en peu de temps sont réalisés. Les gens découvrent l’agriculture et l’élevage des animaux. Ils passent du stade de nomade à celui de sédentaire et s’occupent de leurs plantations ainsi que du bétail. Les villages et les populations augmentent, c’est là que commence la différence sociale, ils ne sont pas tous pareils ! Certains ont plus que d’autres ! Ils n’ont donc pas tous la même raison sociale ! » On découvre une sandale et un petit sac tissé à la main dans une vitrine… « Ces gens se trouvent devant de nouveaux problèmes chaque jour, le problème de garder la nourriture fraîche, de conserver le liquide. C’est là où ils vont découvrir la céramique, avec de l’eau et de la boue séchée… Mais ces premières céramiques sont fragiles et peu imperméables. Ils s’aperçoivent alors qu’enterrer la nourriture dans la terre, cela aide à la conservation. Ces premières céramiques étaient le plus souvent en forme de cloches… »

Le métal. On se dirige vers de nouvelles vitrines. « Les deux premiers métaux découverts sont l’or et le cuivre. L’or depuis le début a conservé ses caractéristiques, c’est un symbole de richesse. » On découvre ensuite des épées recouvertes de feuilles d’or découpées et gravées. « C’est la technique du repoussage, du métal repoussé. Ces épées sont faites pour un symbole de puissance uniquement, avec un manche en or mais pas massif. »

Devant nous, un grand pot en terre cuite. Un grand pot qui contenait des membres humains ! « Ils enterraient les personnes mortes dans des grands pots de terre cuite, ils mettaient une seule personne dans chaque pot, mais seulement les os, ils enlevaient la chair. »

Une arme ancienne se présente devant nous. « Le bronze était utilisé comme métal pour les armes, c’est un alliage avec 80% de cuivre et 20% d’étain. Ils fabriquaient des armes qui étaient très solides, des armes très dures comme des poignards, des épées, ou des pointes de flèches, qu’on pourrait encore utiliser aujourd’hui ! » D’autres épées avec des lances en bronze et la partie supérieure en bois. L’épée de Guadalajara possède elle, une poignée en or, mais pas massive, en fait elle est seulement recouverte d’or, et la lame est un mélange de cuivre et d’arsenic… Les épées n’étaient pas toutes utilisées pour le combat, certaines comme celle-ci représentaient simplement un degré de puissance.

L’Or… « Pour obtenir de l’or, ce n’était pas facile, car cela fond très vite… Ils utilisaient la technique que vous bijoutiers d’aujourd’hui, vous connaissez bien et utilisez souvent, celle de la fonte à cire perdue. Eux utilisaient la cire d’abeille.» Une nouvelle vitrine présente des parures de bijoux en or avec influence des Phéniciens, peuple qui habitait vers le Liban actuel et utilisait déjà la technique de granulation. « Les bijoux que portaient les dames étaient réalisés à partir de cette technique… »

On s’approche d’une statue… « C’est une statue du 4 ème siècle av. JC. Elle représente le buste d’une dame, le visage est très soigné, mais ce n’est pas une déesse car ses yeux regardent vers le bas. Elle porte l’influence de l’art phénicien. Cette statue a été trouvée en Espagne pendant des travaux dans un quartier, elle a été achetée par un archéologue français et exposée au Louvre. Et en 1941, un accord a été passé, Français et Espagnols se sont échangés des pièces artistiques dont cette statue et certains tableaux… En fait, cette statue servait à déposer les bijoux et le parfum, car c’était très cher à cette époque. Elle se prénomme la dame d’Elche ! » On se tourne vers une autre statue. « Celle-ci représente aussi une déesse, elle s’appelle la dame de Baza. Cette statue est une urne funéraire, car sous le reposoir, des cendres d’une femme d’environ 30 ans y ont été retrouvées. A l’époque, une femme de 30 ans est une femme d’un grand âge ! »

Plus loin encore, d’autres trésors se dévoilent dans le musée archéologique… « Ici, à l’époque romaine, on utilisait déjà la mosaïque pour des petites pièces artistiques… et là, c’est le fameux trésor de Guarrazar qui est composé de couronnes d’ex-voto données à l’église pour réaliser des vœux !… Ici, la boîte de Zamora, c’est un cadeau d’un calife pour sa favorite, un cadeau de grande qualité, une boîte à parfum et à bijoux qui est taillée et sculptée dans l’ivoire… »

13.04. On sort du musée, encore immergé dans les histoires incroyables de l’humanité… On parcourt les rues du vieux Madrid avec Cyril pour retourner dans notre quartier… Le temps de traverser la Puerta del Sol, et de flâner du côté des grossistes en bijouterie dans ce quartier…

14.32. Il est temps de rejoindre toute la classe à « la Casserola »… Déjeuner.

17.01. Reportage dans la Gare d’Atocha. Impressionnante. La célèbre gare de Madrid a été littéralement refaite à neuf après avoir été le théâtre sanglant du sinistre attentat terroriste en 2004. Une reconstruction étonnante et d’une séduisante harmonie par l’architecte Raphaël Moneo qui a intégré un jardin de 4000 m² avec 7000 arbres et plantes exotiques ! On se sent très à l’aise dès qu’on rentre dans cette espace. Le plus surprenant est peut-être de découvrir en plein milieu du hall, plusieurs palmiers tous plus hauts les uns que les autres, des fleurs incroyables, et même un bassin aquatique pour tortues… Tout cela entretenu par des brumisateurs géants qui pulvérisent de l’eau pour maintenir une atmosphère humide. On pourrait se croire dans la jungle alors que l’on attend notre train, je trouve ça génial ! Il y avait cette grande baie vitrée impressionnante au-dessus de notre tête qui laissait passer la lumière de l’extérieur, et puis, des galeries marchandes à perte de vue, des restaurants, des jardins, des boutiques…

18.03 . Tout à côté de la gare Atocha se trouve le musée national d’art moderne de Madrid, c’est-à-dire le centre d’art de la Reine Sofia, l’un des plus célèbres du monde ! Un ancien hôpital au départ, qui porte le nom de l’actuelle reine d’Espagne et qui abrite toutes les œuvres du 20 ème siècle, de 1900 à nos jours… Ce musée abrite bien sûr l’un des tableaux les plus célèbres au monde, le « Guernica » de Picasso… Petit parcours artistique et historique autour du Guernica ! Je reste à regarder un bon moment un film très émouvant qui retrace la guerre d’Espagne, et décrit l’horreur de la guerre… Nous sommes au 2 ème étage du musée de la Reine Sofia, l’œuvre est exposée dans la salle qui porte le numéro 206, la salle la mieux protégée du musée. Elle est gigantesque, la toile fait plus de trois mètres sur sept ! Enorme pour une peinture à l’huile ! Elle est monochrome, du moins presque, quelques reflets jaunes… mais Picasso utilise l’absence de couleur pour signifier la mort, la mort des victimes de Guernica comme la mort de la civilisation… Cette toile, c’est toute la révolte du peintre ! La révolte, un soir du 26 avril 1937, quand l’aviation nazie aidée par les Franquistes a bombardé la petite ville basque de Guernica. C’est la guerre d’Espagne et la toile évoque la douleur, la violence, la mort, le désastre… Cette toile, c’est aussi une commande des Républicains espagnols auprès de Picasso, on lui demande de réaliser en quelques semaines ce tableau pour le pavillon espagnol de l’Exposition Universelle de Paris cette année 1937. Une toile bien sûr dédiée au progrès et à la paix… Le musée de la Reine Sofia présente une foule de documents historiques sur et autour de Guernica, les salles adjacentes à celle qui présente l’œuvre de Picasso alignent dessins et croquis du peintre, démontrant une véritable progression du travail de composition : 1 ère étape, un croquis fait au crayon représentant un taureau, une maison en feu ainsi que des personnages morts avec des armes… 2 ème étape, un homme allongé porte un bouquet de fleurs dans la main avec un soleil autour. Le contraste est noirci et grâce à ça, on peut remarquer la tête d’un cheval replié sur lui-même… 3 ème étape, des teintes de gris ont été rajoutées… 4 ème étape, les contrastes ont changé, certains blancs sont devenus noirs et inversement, disparition du bras d’une personne ainsi que du soleil et du bouquet de fleurs, une lune apparait à côté de la tête du taureau… 5 ème étape, nouveau contraste noir sur la partie supérieure, la tête du taureau a été stylisée, la tête du cheval n’est plus repliée sur elle-même, de la fumée apparait à la place de la lune… 6 ème étape, certaines parties grises sont devenues blanches, disparition du bas du corps d’une personne sur la droite, et de petits tapis apparaissent de chaque côté… 7 ème étape, la partie de droite est grisée, le bas du tableau est éclairci, les tapis ont disparu… 8 ème étape, dessin final, dans certaines parties blanches, des petits traits noirs sont dessinés de façon homogène, la personne morte en bas a été décapitée et ses membres ont été séparés, le soleil est remplacé par une ampoule, apparition de chevaux, des yeux et des oreilles pour la personne qui sort de la maison précédemment…

Mais aussi documents historiques de toutes natures… On explique aussi bien sûr pourquoi Picasso engagé auprès des Républicains espagnols refusa catégoriquement que sa toile aille en Espagne tant qu’une démocratie n’y verrait pas le jour. La toile resta aux Etats-Unis, au Moma de New-York près d’une quarantaine d’années, et ne revint en Espagne qu’en 1981 après la mort de Franco ! L’histoire raconte aussi, que pendant la guerre mondiale, Picasso vivait à Paris et reçut la visite de l’ambassadeur nazi Otto Abetz, celui-ci devant une photo de Guernica lui aurait demandé « C’est vous qui avez fait ça ? » Picasso aurait répondu : « Non… vous… »…

La Reine Sofia, comme un voyage vers l’imaginaire et l’inattendu, bien sûr il y a tous les créateurs célèbres, connus et majeurs du 20 ème siècle, les Espagnols Juan Gris, Miro, Dali, Tapies, Chirico… et puis tous les autres dans un véritable labyrinthe qui donne le tournis… Artistes peintres, sculpteurs, photographes pour les périodes moderne et contemporaine côtoient plasticiens et concepteurs d’installations étonnantes ! C’est parfois drôle, bizarre, curieux… c’est toujours captivant, avec des œuvres qui nous laissent parfois inertes et perplexes, et d’autres qui dévorent notre curiosité…

21.08. Le temps de revenir à la réalité. L’équipe générale se réunit à nouveau devant la Reine Sofia… point de rendez-vous artistique, devant l’immense crayon sculpture de Roy Lichtenstein… Retour à l’hôtel.

22.07. Le dîner, beaucoup de commentaires sur le musée, sur l’art contemporain, sur les découvertes dans les rues du vieux Madrid aussi…

23.04. Avec les filles de l’équipe, à l’hôtel dans notre chambre, nous décidons de faire une petite réunion de projet pour notre carnet de voyage afin de pouvoir mettre nos notes en commun pour cette journée.

00.05. Une douche… et c’est l’heure de l’extinction des feux…

Jeudi 18

08.01. Petit déjeuner à « La Casserola », avec encore une fois de la margarine…

08.42. Sac à dos, nous partons vers l’autobus.

09.28. Parking souterrain des autobus de Madrid, sur la place Oriente. Départ pour Tolède. Blanca nous accompagne avec un petit groupe d’élèves espagnols de leur école. 80 kilomètres nous attendent. La musique dans les oreilles, je regarde le paysage défiler devant mes yeux, un paysage un peu familier maintenant, un paysage qui se ressemble, très espagnol, des champs à perte de vue, parfois quasi désertiques.

11.03. Tolède. C’est l’ancienne capitale d’Espagne, la ville aux trois cultures, chrétienne, juive et musulmane. Elle est bien sûr particulièrement réputée pour son travail de l’acier et des épées. Descente du car. L’appareil photo. Direction le trésor de la cathédrale Santa Maria… pour atteindre cette cathédrale, il faut arpenter les vieilles rues de Tolède, il faut grimper ces rues médiévales, parfois étroites et parsemées de pavés.

11.36. La cathédrale. Soulagement collectif. On pénètre dans la nef et on est immédiatement touché par la beauté du lieu. On apprend que la cathédrale Sainte-Marie de Tolède est le siège de l’archevêché du même nom, qui possède le titre de primat d’Espagne, et ce depuis l’époque des Wisigoths qui avaient fait de cette ville leur capitale politique et religieuse ! L’édifice actuel fut bâti en style gothique à compter de 1226, sous le règne de Fernando III, à l’emplacement de l’ancienne grande mosquée de la cité. Aujourd’hui encore, la cathédrale de Tolède domine la ville de sa haute flèche. Elle est classée sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1986, tout comme le centre ville historique de la ville… A l’intérieur, on découvre des espaces assez magiques, comme le trésor du reliquaire, la salle capitulaire, la sacristie, le chœur ou encore la chapelle principale ! La chapelle du trésor expose l’ostensoir réalisé par Enrique de Arfe au 16 ème siècle. Dans la sacristie, on peut retrouver un apostolat du Gréco, ainsi que des peintures de Goya, du Titien, de Raphaël, Van Dyck, Bellini et un Saint François d’Assise sculpté par Pedro de Mena. Dans la salle qui suit le vestiaire se trouve une autre excellente collection de peintures, avec des œuvres de Velázquez et de Ribera, un vrai musée !… La salle capitulaire, quant à elle, contient des fresques de Jean de Bourgogne, et les portraits de tous les prélats de l’archidiocèse. La chapelle principale expose un extraordinaire retable, et le chœur recueille une large exposition de sculptures… Gavés de ces trésors, nous retrouvons le soleil dans les rues de Tolède.

12.24. A pied, dans Tolède, nous nous dirigeons vers le Museo de Santa-Cruz, situé dans un ancien hôpital de la ville. Une construction du 16 ème siècle avec une façade superbement étonnante devant laquelle nous posons pour la photo d’équipe de la journée. Une collection du musée répartie à travers trois départements : l’archéologie autour des cultures romaine, wisigothe, arabe et mudéjar… les beaux arts avec une belle collection de tableaux sur Tolède aux 16 ème et 17 ème siècles, et aussi quelques œuvres du Gréco… et enfin, les arts industriels, la culture populaire, la tradition artisanale locale avec une multitude de pièces de céramique, de verre, tissus, objets forgés et orfèvrerie…

14.11. C’est devant un petit restaurant de la vieille ville que nous nous sommes retrouvés pour manger. A l’intérieur de l’auberge, les murs sont tous travaillés et sculptés d’une très grande finesse… Je me souviens avoir descendu plusieurs escaliers et être arrivée dans une grande salle remplie de colonnes elles aussi sculptées… Je me souviens des beignets de poisson, des saucissons et chorizos, de la salade et du steak de cheval, et en dessert de la glace à la vanille !

15.56. C’est reparti. C’est une ville qui se mérite, et pour mériter Tolède, il faut grimper, c’est comme ça ! Rendez-vous dans la compagnie « Artesanian Simian », une fabrique qui travaille la technique du damasquinage, illustre méthode artisanale qui fit la gloire des épées de Tolède… Une démonstration nous est proposée et une véritable analyse technique. On apprend que selon la tradition de Tolède, la surface que l’on veut damasquiner est préalablement ciselée, puis, dans le profil ainsi créé, on introduit un fil en le martelant toujours dans le même sens, du centre vers les bords, de manière à ce que ces derniers se rabaissent en l’enchâssant ! La pièce est ensuite noircie par le feu ou autres procédés, et la finition s’exécute avec une lime douce et polie… Ici, on pratique le damasquinage sur les épées et les armures, mais aussi les couteaux, les bijoux, les figurines, les briquets et même les téléphones…

« Artesanian Simian » est une société fondée en 1989 par Luis Serrano López, et c’est aujourd’hui une entreprise familiale bien connue dans Tolède car elle propose aux visiteurs pratiquement tout l’artisanat local ! C’est une technique traditionnelle et séculaire vraiment difficile, il faut compter deux années entières d’apprentissage pour maîtriser les gestes du métier. Le directeur fondateur de la compagnie accepte une interview sur le vif :

(Fouathy) depuis combien de temps la technique du damasquinage existe t-elle ?
Cet artisanat vient bien sûr de la ville de Damas, l’actuelle Syrie, et il s’est installé à Tolède il y a 1200 ans !
(Emeline) en une phrase, la technique du damasquinage c’est quoi ?
Ce sont en fait des feuilles d’or de 24 carats qui sont incrustées dans de l’acier.
(Marine) cette technique existe-t-elle ailleurs dans le monde ?
Essentiellement au Maroc aujourd’hui.
(Camille) pourquoi les épées de Tolède sont-elles aussi célèbres ?
Le métal qui compose les épées de Tolède est de l’acier trempé, cette opération du « trempage » du métal est très importante, et dans la tradition, on trempait bien sûr les épées dans la rivière qui passe à Tolède et l’or provenait aussi des rivières des alentours.
(Marine ) combien avez-vous d’employés dans l’entreprise ?
Nous sommes 10 à travailler ici, dont 4 employés spécialisés dans le damasquinage, de père en fils ! C’est souvent une tradition familiale, ce travail !
(Emeline) c’est votre cas ?
Oui, bien sûr, cette entreprise est née d’un travail familial, et je suis originaire de Tolède.
(Camille) pourquoi avez-vous accepté de nous rencontrer ?
J’aime bien parler et faire découvrir notre métier.
(Fouathy) combien de temps pour réaliser une pièce en damasquinage ?
Une broche par exemple peut prendre deux heures…
(Emeline) quelle est votre plus belle pièce ?
Le tableau mural avec la cathédrale, c’est un travail qui m’a demandé un an !

Nous le suivons pour contempler le tableau en damasquinage, il représente une partie de la ville de Tolède avec la cathédrale, et c’est bien un véritable chef d’œuvre !

16.44. Tolède et ses trésors, dans les rues étroites du centre, autour de sa cathédrale… Après avoir mitraillé de photos les lieux, le temps des souvenirs et des cartes postales, le temps d’une ballade dans les ruelles et de nouvelles découvertes.

18.00. L’heure du rendez-vous. L’autobus. Sortie de Tolède. 80 kilomètres. Entrée dans Madrid.

20.03. L’hôtel, les mains plus ou moins chargées. Deux heures de repos.

22.04. Dernier repas à « La Casserola ». No comment.

23.16. Un pub, en face de l’hôtel… et dernier pot avec tout le monde pour célébrer notre projet.

00.12. Dernière nuit à Madrid… et déjà l’idée des valises à préparer…

vendredi 19

07.56. Ça y est ! Ça sent le grand départ ! Les mines ce matin au petit déjeuner ne sont pas bien gaies. On engloutit la nourriture puis opération Valises…

09.00. Ce matin, nous avons rendez-vous à l’escuela de Arte N°3, revoir nos partenaires, les remercier, leur dire à bientôt et qu’on les attend à Saint-Amand pour la suite du projet… Une surprise nous attendait, Antonio, Blanca et leur équipe d’élèves nous avaient consacré un diaporama de photos qui relatait nos aventures de ces journées passées ensemble.

11.03. Conférence de Presse. Maria-Dolores, une journaliste de la presse professionnelle qui travaille entre autres périodiques pour « Gold & Time » et « Contraste » vient nous retrouver, nous explique en quoi consiste son métier et nous présente son travail de reportage dans les domaines de la bijouterie et la gemmologie à Madrid. Maria-Dolores nous explique que la gemmologie est bien en plein essor à Madrid : « C’est parfois une tradition qui se transmet de génération en génération. Et très souvent, les joailliers d’aujourd’hui se rendent parfaitement compte que le milieu des gemmes évolue terriblement vite, il existe de plus en plus de traitements, de moyens de modifier les pierres, de synthèses finement constituées… Il faut des connaissances de plus en plus importantes pour différencier une pierre naturelle d’une pierre traitée, donc falsifiée !… » L’Espagne affronte par ailleurs la crise économique comme la France, et les incidences sur le domaine du bijou sont souvent les mêmes : « Il y a aujourd’hui à Madrid une multiplication des boutiques de rachat et de vente des bijoux en or… L’or, valeur refuge ! Comme à chaque crise, le prix de l’or grimpe, et beaucoup de personnes viennent dans ces boutiques vendent leurs bijoux, des bijoux de famille pour obtenir d l’argent… C’est décevant et parfois terrible, car il arrive fréquemment que des gens vendent des bijoux anciens, des bijoux qui ont une forte valeur historique contre le simple prix de l’or… L’or de ces bijoux est envoyé à la fonte, si bien qu’il y a aujourd’hui un risque de voir disparaître des pièces historiques ! »

11.38. Une autre surprise nous attend au rez-de-chaussée de l’école… Un buffet pour notre départ. On se souvient du lieu, il y a quelques jours, c’était la salle d’émaillage, et aujourd’hui, les tables sont remplies de gâteaux au chocolat, de gâteaux apéritifs, de charcuteries espagnoles, d’olives, de sodas… Les pinceaux et les petites truelles ont laissé place à un océan de nourritures. On a bien entendu fait honneur comme il se doit à ce buffet ! On remercie. C’est Antoine qui fait le discours au nom de toute l’équipe. Une nouvelle fois le temps passe très vite, et il est vraiment l’heure maintenant de dire au revoir et de les remercier à nouveau… car la route va être longue…

12.04. C’est le grand départ de Madrid. On sort de la capitale, dernier moment pour prendre des photos dans le bus, dernier regard sur l’animation de la capitale… Il y a 1150 kilomètres à parcourir…

15.04 . Pause déjeuner… enfin sandwiches à côté du bus, y’avait longtemps ! Dans le bus on écoute de la musique, on regarde d’un œil les DVD que nous passe le chauffeur, Les Choristes, et Titanic… Evidemment, tout le monde les a déjà vus !

18.31. Retour en France. La frontière. Maïlys reconnaît son pays basque.

03.42 . Saint-Amand, tard, très tard dans la nuit… Chacun s’est fait un plan pour trouver un endroit où dormir, avant de rentrer vraiment chez soi. Moi, je dors chez Olivia. Mais, ce projet, j’ai adoré.

grand reportage à Madrid et carnets de voyage : Marie Advenier, Mathilde Beaumont, Rachel Bourdin, Tiphaine Bouteau, Cyril Boyeau, Jéromine Chappe, Tad Duchesne, Aurelia Flamme, Marc Fraysse, Enna Galliano, Camille Helfen, Louise Jullien, Lucas Kreyder, Daro La, Emeline Lecoindre, Antoine Lefebvre, Camille Lefranc, Jean Madeline, Anne Moreau, Mélodie Mury, Karine Pilon, Julien Poitiers, Mailys Richard, Morgane Roche, Marine Sebart, Flavie Sire, Anne-Sophie Vincent, Olivia Vrignaud, et Fouathy Ya.